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Un Coeur de Verre
18 juin 2006

Extrait de Vous revoir ( Et si c'était vrai... 2)

Extrait de

Vous revoir ( Et si c'était vrai... 2)

- Que voyez-vous ? demanda-t-il [...]
- Un arbre ! répondit-elle.
- Décrivez-le-moi.
- Comment ça ?
- Il est grand ?
- Il est haut comme deux étages, mais il a de grandes feuilles vertes.
- Alors fermez les yeux.
dv10200111Lauren se prit au jeu et la voix d'Arthur la rejoingnit dans une obscurité improvisée.
- Les branches sont immobiles à cette heure de la journée, les vents de la mer ne sont pas encore levés. Approchez-vous du tronc, les cigales se cachent souvent dans les recoins d'écorces. Au pied de l'arbre s'étend un tapis d'épines de pin. Elles sont roussies par le soleil. Maintenant, regardez tout autour de vous. Vous êtes dans un grand jardin, il est parsemé de larges bandes de terre ocre plantées de quelques pins parasols. A votre gauche vous en verrez des argentés, à droite des séquoias, devant des grenadiers et un peu plus loi dans caroubliers qui semblent couler jusqu'à l'océan. Empreuntez le petit escalier de pierre qui borde le chemin. Les marches sont irrégulières, mais ne craignez rien, la pente est douce. Regardez sur votre droite, vous devinez les restes d'une roseraie, maintenant ? Arrêtez-vous en bas, et regardez devant vous.
Et Arthur inventait un univers, fait juste de mots ; Lauren vit la maison aux volets clos qu'il lui décrivait. Elle avança vers le perron, grimpa les marches et s'arrêta sous la véranda. En contrebas, l'océan semblait vouloir briser les rochers, les vagues charriaient des amais d'algues mariées à des entrelacs d'épines. Le vent soufflait dans ses cheveux, elle eut presque envie de les repousser en arrière.
Elle contourna la maison, et suivit à la lettre les instructions d'Arthur qui la guidait pas à pas dans son pays imaginaire. Sa main effleurait la façade, à la recherche d'une petite cale, au bas d'un volet. Elle fit comme il disait et la retira du bout des doigts. Le panneau de bois s'ouvrit et elle crut même l'entendre grincer sur ses gonds. Elle souleva la fenêtre à guillotine en déboîtant légèrement le châssis qui accepta de coulisser sur ses cordeaux.
- Ne vous arrêtez pas dans cete pièce, ele est trop sombre, traversez-la, vous arriverez dans le couloir.
Elle avançait à pas lents, derrière les murs, chaque pièce parraissait contenir un secret. Elle entra dans la cuisine. Sur la table, il y avait une vieille cafetière italienne, on y faisait un excellent café, et devant elle, une cuisinière comme on en trouvait autrefois dans les vieilles demeures.
- Elle fonctionne avec du bois ? demanda Lauren.
- Si fous le voulez, vous trouverez même des bûches, à l'abri d'un appentis juste au-dehors, en passant par-derrière.
- Je veux rester dans la maison et continuer à la visiter, murmura-t-elle.
- Alors ressortez de la cuisine. Ouvrez la porte, juste en face.
Elle entra dans le salon. Un long piano dormait dans l'obscurité du lieu. Elle alluma la lumière et s'approcha assez près pour s'asseoir sur le tabouret.
- Je ne sais pas jouer.
- C'est un instrument particulier, rapporté d'un lointain pays ; si vous pensez très 200256143_0011fort à une mélodie que vous aimez, il vous la jouera, mais uniquement si vous posez vos mains sur son clavier.
Lauren se concentra de toutes ses forces, et la partition du " Clair de lune" de Werther envahit sa tête.
Elle avait l'impression que quelqu'un jouait à côté d'elle, et puis elle se laissait entraîner dans le songe, plus la musique était profonde et présente. Elle visita ainsi chaque endroit, grimpant jusqu'à l'étage, allant de chambre en chambre ; et, petit à petit, les mots qui décrivaient la maison se transformaient en une multitude de détails qui inventaient une vie tout autour d'ele. Elle retourna dans une seule pièce qu'elle n'avait pas encore visitée. Elle entra dans le petit bureau, regarda le lit et frissonna, elle ouvrit les yeux, et la maison s'évanouit.
- Je crois que je l'ai perdue, dit-elle.
- Ce n'est pas grace, maintenant elle est à vous, vous pourrez y retourner quand vous voudez, il vous suffira d'y penser.

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